Avant le protectorat, l‟artisanat marocain fut véhiculé dans les expositions internationales comme une industrie rudimentaire qui reflète le retard du Maroc et répond à la mode exotique valorisant les attributs des civilisations orientales. Sous le protectorat l‟artisanat marocain est reconnu comme art décoratif depuis qu‟il a été exposé au palais Marsan en 1917. En 1925 le protectorat lui revendique l‟étiquette d‟art décoratif moderne et le montre à l‟exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes organisée à Paris. Pour s‟aligner au règlement de l‟exposition récusant toute référence à l‟histoire, l‟administration coloniale a présenté selon une scénographie moderne des articles d‟artisanat hybride développés dans des artisans et artistes européens pour répondre aux besoins d‟une clientèle occidentale. La promotion des articles hybrides de l‟artisanat marocain reflète l‟incohérence de la politique de rénovation. Le slogan en faveur de l‟authenticité de l‟artisanat marocain brandi au début du mandat coloniale n‟a pas résisté à la nécessité de se conformer au besoin de la clientèle européenne et d‟inscrire l‟artisanat marocain dans la dynamique artistique mondiale de plus en plus favorable à la modernisation des arts industriels.